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Histoires de l'anse du Loch
30 mai 2012

07 - La station de sauvetage HSB du Loch Primelin dans les années 1920

 

Ch07 - Aquarelle du port du Loch 1920-30 de André Dauchez

Aquarelle du port du Loch Primelin 1920-30 de André DAUCHEZ

  Le matériel est fortement sollicité. Le canot de sauvetage Paul LEMONNIER est construit en acier. L'entretien est de tous les instants.

Courrier de Jean Marie THOMAS à Mr COIGNERAI sur l’entretien et réparation du Paul LEMONNIER.

  (...) Le Loch Primelin, le 30 décembre 1920
   Monsieur le Président

   Mon père me charge encore de vous écrire, étant très occupé en ce moment et me trouvant plus apte à vous donner les explications désirables au sujet de la réparation du bateau de sauvetage.
   En effet je suis mécanicien de métier et j’ai suivi de près la réparation qui a été faite par deux chaudronniers riveurs d’Audierne. Il s’agissait de coller une plaque de tôle galvanisée de 60x40cm sur l’endroit en mauvais état et troué. C’est ce qui a été fait, après avoir au préalable interposé une bonne couche de céruse sous la plaque de tôle pour faire le joint. Le tout a été fixé solidement par 3 rangées de rivets. Ainsi, la réparation est bonne et j’en répond. Les 2 ouvriers riveurs ont changé et réparé également le câble qui sert à la manœuvre du bulbe ou fausse quille. Ce travail leur a demandé plus de temps, car étant plus délicat et compliqué. Vous savez les démontages qu’il faut entreprendre pour cela. Les écrous ont dû être chauffés et même coupés en deux. Nous avons mis un bout neuf de chaîne galvanisée que nous croyons plus solide. Le tout remonté, nous avons testé le mécanisme du bulbe. La chaîne a cassé. Pas d’accident heureusement. Nous avons mis un autre câble en fil d’acier mais plus gros, 12mm au lieu de 10mm. Après remontage, nous l’avons essayé également à 2 hommes. Ca tient bon, et je crois que cela durera. En somme le canot de sauvetage a été indisponible 4 jours. Depuis il est en très bon état pour prendre la mer. La voilure a été réparée et le foc changé pour un neuf. La mature est en bon état ainsi que sa garniture (haubans, drisses, écoutes, etc.) Les avirons sont également au complet et en bon état ainsi que leurs dames de nage. La peinture a été faite aussi bien à l’intérieur qu'à l’extérieur. Les caissons étanches ont été soigneusement grattés et piqués. Nous n’avons pas découvert d’autres endroits en mauvais état. Le tout a été passé au minium et sur le fond nous avons mis une légère couche de ciment (100kg pour les 12 caissons), et une couche de peinture grise sur les parois des caissons. En un mot, le Paul Lemonnier est en très bon état…

Ch07 - La Plage du Loch Primelin en 1925La Plage du Loch Primelin (avec vu sur Plogoff) en 1925


Les annales du bien

 Les H.S.B. : les Hospitaliers Sauveteurs Bretons
 éditent un périodique : Les annales du Bien.
 Le fascicule reprend les faits récents de
 sauvetage, les évolutions des stations, ainsi
 que les récompenses et médailles remises
 aux sauveteurs.

Les Annales du bien de 1921

 

 Ouest Eclair de Avril 1926 - Telephone au lochOuest Eclair de Mars 1926 - Telephone au lochOuest Eclair de Mai 1926 - Telephone au loch

   En mai 1926, la station de sauvetage du Loch Primelin sera dotée d'une ligne
 téléphonique, en effet encore dernièrement il y a eu des erreurs de transmission
 dans la direction du secours à porter. Une ligne de 1500 mètres sera posée du
 bureau de Primelin jusqu'à la maison du Patron Daniel THOMAS

 

 

 

La station du Loch Primelin - Daniel Thomas

 Au pays des héros.
 En Juillet 1926, un article de l'Ouest Eclair met en valeur la station
 du Loch Primelin " Une visite aux Hospitaliers Sauveteur Bretons "

 

 Article Ouest Eclair du 7 juillet 1926 - La station HSB du Loch Primelin

 

Le port du Loch Primelin

 

Rapport de sauvetage du Patron Daniel THOMAS du 10 Décembre 1926

  (...) Monsieur DRILLIEN (secrétaire H.S.B. section de Quimper)                 

   J'ai le plaisir de vous annoncer la belle sortie du bateau de sauvetage le Paul LEMONNIER hier soir. 3 canots du Loch ont été surpris hier par grosse mer. A l'entrée du port, les lames de fond déferlèrent avec furie, et les bateaux n'osaient rentrer sans la présence du bateau de sauvetage. Voyant le danger, je préviens le patron Le BERRE qui arrive aussitôt avec une partie de l'équipage. Immédiatement le bateau de sauvetage fut descendu à l'extrémité de la cale. Au premier coup de ressac, comme la mer montait, le canot pris majestueusement sa flottabilité et se rendit sur le lieu dangereux et resta là jusqu'à la rentrée du dernier bateau. Ceux ci furent conduits l'un après l'autre dans le lieu de sécurité, et ainsi finit le travail de la sortie. Les marins avaient le sourire aux lèvres tellement ils étaient contents d'avoir reçu la protection du bateau de sauvetage. Le bateau fut ensuite mis sur son chariot et hissé dans son abri et ainsi finit la corvée.

   Recevez, Monsieur DRILLIEN, l'assurance de mes meilleurs sentiments dévoués.

    Daniel THOMAS, Chef de la station du Loch Primelin.

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Station du Loch en Primelin en 1929 - Prix des époux VERON de Paris (600 francs)

   L'équipage du Paul LEMONNIER des HSB a été proposé, le 20 mars 1929, par M. l'Administrateur d’Audierne, pour une récompense officielle. Motif : le 15 mars, à 17h15, apercevant le petit caboteur "Saint-François" en mauvaise posture sous grain violent, à deux milles au large, le chef de station THOMAS rassembla les hommes présents de l'équipage, au nombre de huit sur douze. Ces braves gens embarquèrent spontanément, malgré leur effectif réduit, pour aller au secours de leurs frères inconnus et en péril imminent.
   Le petit caboteur ayant coulé sous voile, les sauveteurs réussirent cependant à arriver à temps pour recueillir les quatre naufragés, lesquels n'avaient plus qu'un aviron pour se diriger avant d'être jetés à la côte et assommés sur les rocs. Les quatre rescapés ont tenu à proclamer le courageux dévouement de leurs sauveteurs.
   M. l'Administrateur d'Audierne a appuyé sur le mérite de l'équipage du "Paul LEMONNIER", qui a pris la mer en des conditions doublement méritoires : vent debout par gros temps et effectif réduit d'un tiers.
   Aux huit hommes qui ont accompli ce bel acte de vaillance, le Conseil décerne; deux récompenses de 300 francs chacune, soit 600 francs au total, augmentés d'une somme de 200 francs prélevée sur les primes de service.

Ch07 - Le port du Loch Primelin en 1929Le port du Loch Primelin en 1929

logo HSB

 


 

 

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25 mai 2012

06 - La digue du port du Loch Primelin au fil du temps

 

   Rapidement après la construction de la digue en 1906 (longueur 76m), la flottille de bateaux augmenta considérablement, du fait de la sécurité qu’apportait l’ouvrage. Et c’est tout naturellement qu'en juin 1908 les pêcheurs réclamèrent, par une pétition aux pouvoirs publics, l’allongement du " môle ", abri du port.
   Les ingénieurs avaient, en conséquence, établi un avant-projet sur une longueur supplémentaire de 60 mètres environ, et évalué à 40.000 Francs la dépense de l'entreprise, pour deux tiers à charge de l'état, et l'autre tiers à charge des intéressés locaux.
   En mai 1910 une somme de 13.334 Francs est votée par la municipalité, en mars 1911 un crédit est accordé. La construction commence en 1912 et se termine en 1913. 64 mètres furent ajoutés à la digue, ce qui porta sa longueur à 140 mètres. La municipalité de Plogoff ne voulut pas participer aux frais de la construction, bien que des bateaux de la commune y mouillaient.

Plan technique de la digue du Loch en 1906 en HD

Plan technique de la digue du Loch en 1913 en HD

Le salaire des ouvriers en 1912 - Prologation de la digue (HD)

La construction fut réalisée par de la main d'œuvre locale.
Toutes les personnes sont identifiées par un listing.
Nous pouvons retrouver leur fonction ainsi que le nombre d'heures
travaillées sur une période du 28 septembre au 9 novembre 1912.
Le salaire des ouvriers - 1912 - Prolongation de la digue (HD)

Plan du port du Loch - Prolongation de 1913 en HD

 


  Plan du port du Loch de 1913 en HD

 

 
1931-02-22_29_56_06 - réparation de la digue

Tout au long des années, la digue a été sollicitée en permanence. A la fin de l'hiver un
minimum d'entretien est nécessaire. Une dégradation, même mineure, peut avoir des
répercussions désastreuses sur tout l'ouvrage.



Exemple d'un article de presse de 1931

 

Ch06 - Le port du Loch Primelin - Avant guerre 1Ch06 - Le port du Loch Primelin - Avant guerre 2   Le port du Loch Primelin dans les années 1930


   En 1951, le conseil municipal de Primelin réclame l’allongement de la digue, qui reste encore insuffisante. Les bateaux de pêche sont plus nombreux à l'après-guerre. Cette fois le financement est partagé entre les deux communes, pour un allongement de 45m supplémentaires. Les travaux se montent à 8 millions de Francs, Primelin participe pour 2.225.000F et Plogoff pour 1.700.000F. La prolongation de l’ouvrage est confiée à l’entreprise Marc de Brest. Cette partie sera réalisée en béton armé en 1953, à la différence des 2 premiers tronçons réalisés en pierre.
   La longueur de la digue est maintenant de 185 mètres, c’est la dimension que nous connaissons aujourd’hui.

Ch06 - Prolongement de la digue du Loch en 1953 bCh06 - Prolongement de la digue du Loch en 1953 a    Troisième prolongation de la digue

Ch06 - Dessin de la digue du Loch Primelin réalisé en 1974

   En 1975 des travaux de consolidation furent réalisés dans la partie centrale (1/2 carapace en béton armé), pour consolider les parties fissurées par les assauts répétés de l’océan (les matériaux utilisés en 1913 n’étaient peut être pas de bonne qualité). Au bout de quelques années, les vagues réussirent à décoller quelques plaques, rendant la carapace localement inefficace. Malgré tout, l'ouvrage a tenu bon au fil des années 1990-2000.

Ch06 - Consolidation de la Digue du Loch Primelin en 1975 bCh06 - Consolidation de la Digue du Loch Primelin en 1975 a
Travaux de consolidation de 1975



Dégradation de la digueDégradation de la digue

Au début des années 2000, nous remarquons une dégradation
importante sur la partie réparée en 1975. Tout est à refaire.
Pour réduire et briser la force des vagues, la pose de gros
blocs de granit, côté large, aurait été très indiquée pour
protéger l’ouvrage.

 

 

   En 2005 c'est un nouveau coffrage qui sera réalisé sur la partie de la digue érigée en 1913 et réparée en 1975. Cette réalisation est remarquable, l'ouvrage est enrobé de haut en bas.

Réparation de la digue du Loch Primelin 2005Réparation de la digue du Loch Primelin 2005

Réparation de la digue du Loch Primelin 2005 bRéparation de la digue du Loch Primelin 2005 cRéparation de la digue du Loch Primelin 2005 aRéparation de la digue du Loch Primelin 2005 d
Réparation de la digue du Loch Primelin 2005 fRéparation de la digue du Loch Primelin 2005 eRéparation de la digue du Loch Primelin 2005 hRéparation de la digue du Loch Primelin 2005 g
Réparation de la digue du Loch Primelin 2005 x

Fin des Travaux en octobre 2005

 

   En ce début d’année 2013 ... encore et toujours la mer ronge et travaille l'édifice. Mais cette fois-ci, les choses se compliquent sur la partie construite en 1906.

Ch06 - La digue du Loch Primelin en 2013 aCh06 - La digue du Loch Primelin en 2013 b

   Même si sur l'extérieur tout semble relativement correct, il suffit de s'approcher de la partie de la digue construite en 1906 pour se rendre compte de l'étendue des dégâts, causés durant la fin de l'hiver 2012-2013..

Ch06 - La digue du Loch Primelin en 2013 c
   La mer a creusé une grotte de près de 100 m3, à l'intérieur de la digue. La houle à marée haute vient comprimer l'air de la poche, ce qui provoque des gerbes d'eau sous pression. Le phénomène est également visible côté port par le joint des pierres. Il est certain que cette partie de la digue s'écroulera si des réparations ne sont pas réalisées avant la fin de cette année 2013, mais les coûts de réparation sont bien trop importants pour la seule commune de Primelin.

Ch06 - La digue du Loch Primelin en 2013 dCh06 - La digue du Loch Primelin en 2013 e

Encore et toujours la mer du Cap Sizun continue son œuvre destructrice ....

Ch06 - La digue du Loch Primelin en 2013 f

   L'accès à la digue est donc pour le moment interdit au public étant donné la dangerosité liée au risque d'éboulement.

   La réparation de la digue a été entreprise en mai 2013. La partie endommagée a été coffrée à l’aide de planches,  et les ouvriers ont créé un trou d’accès au sommet afin de pouvoir combler de ciment l’immense cavité.

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Durant l'hiver 2017-2018 la partie de la digue initial sera fortement endommagé. Des réparations importante seront réalisées en août 2018

Ch06 - Réparation de la digue du Loch en aout 2018a

Ch06 - Réparation de la digue du Loch en aout 2018b

Ch06 - Réparation de la digue du Loch en aout 2018c


 

20 mai 2012

05 - Bien avant 1903 ... à Primelin

Carte de l'anse du Loch vers 1820 en HD

Ch03 - L'Anse dio Loch vers 1820L'Anse du Loch en 1818

   Auguste-Jean-Marie, Baron BACHELOT DE LA PYLAIE (1786-1856) est un botaniste, un explorateur, un dessinateur, un archéologue, doté d'une curiosité et d'une ouverture d'esprit peu communes. Il est un grand voyageur, principalement à travers la France mais aussi en Afrique et en Amérique. En 1850, il publie un livre intitulé " Études archéologiques mêlées d'observations et de notices diverses ".
Un passage m'a particulièrement intéressé, car il nous parle de la réalisation d'un port au Loc'h en Primelin.

" Port de refuge à créer dans l'anse du Loc'h, entre Audierne et la pointe du Raz-de-Sein."

   Les fréquents et inévitables naufrages qui se répètent annuellement sur les côtes de la baie d'Audierne m'en ont fait étudier avec soin toute la partie occidentale, parce qu'elle est la plus dangereuse. On peut arriver souvent avec l'espoir de la vie sauve, en faisant côte sur cette plage sablonneuse qu'on appelle le plateau de Penhors, et qui s'étend en demi-cercle d'Audierne jusqu'à la pointe de Penmarch ; tandis que toute la partie occidentale de la baie, sur une longueur de quatre lieues et demie, ne nous présente plus jusqu'à la pointe du Raz, excepté quelques anses, qu'une côte formée de rochers à pic, contre lesquels les flots viennent se briser pendant les gros temps, de la manière la plus impétueuse.
   J'ai examiné en conséquence toutes ces anses avec attention, et l'une d'elles, qui est en même temps la principale, devient par sa position au milieu de toute cette longueur de côte, par son étendue suffisante, ses autres avantages particuliers, l'endroit où le gouvernement devrait établir cet asile si nécessaire aux navires. On pourrait, par la suite, en faire un bon port de marée, comme Morlaix, Audierne, Quimper, etc. Il faudrait des travaux... ; mais les travaux sont et seront toujours la poule aux œufs d'or du génie, et quand un intérêt majeur, celui du commerce et l'humanité les commandent, il doit les provoquer. Il faut remarquer d'abord que l'entrée de l'anse du Loc'h n'est point barrée, comme celle du port d'Audierne, par un vaste plateau de rochers. Depuis le sud, jusqu'à l'ouest, on peut y venir à pleines voiles ; seulement, par les vents du sud-est, il y aurait à tourner les rochers qui s'avancent de ce côté, au-devant de son ouverture.
   Comme les vents entrent en plein dans cette anse, depuis le sud-est jusqu'au sud-ouest, il deviendrait alors indispensable d'établir un brise-lames en face de son entrée, derrière lequel deux môles opposés, partant de la côte et s'entrecroisant à la distance requise pour le passage des vaisseaux, formeraient derrière eux le port de refuge.
   Ce port serait ensuite parfaitement abrité des vents d'ouest par la haute chaîne qui porte sur son extrémité la chapelle de Notre-Dame de Bon-Voyage, au delà de laquelle elle forme le reste de la côte jusqu'à la pointe du Raz. Les hauteurs du fond de l'anse le protègent contre les vents du nord ; et celles ensuite qui portent le bourg de Primelin, situé près d'elle du côté de l'orient, ainsi que leur extension qui forme la côte défendraient à leur tour le port que nous indiquons, du côté du nord-est et de l'est.
   Cette localité ajoute encore aux avantages que nous venons de mentionner une gorge profonde, par laquelle les eaux d'un bassin, long de trois lieues d'occident en orient, arrivent de deux côtés opposés au fond de l'anse. L'entrée de cette gorge ayant été obstruée par la mer, comme dans presque tous les lieux analogues, par un atterrissement de sables et de galets, on a profité de celui-ci pour l'établissement de la chaussée sur laquelle passe le chemin vicinal qui se rend d'Audierne à la pointe du Raz ; et par derrière se trouve un étang, en partie rempli de roseaux, dont le déblayement ne serait pas difficile. C'est là qu'on pourrait établir un arrière-port, ou des bassins dans lesquels on tiendrait les navires toujours à flot, au moyen d'écluses, ainsi qu'au Havre ; et de chaque côté, l'étendue du bas-fond permettrait de construire des maisons.
   Le cours d'eau (le Yun) qui arrive ici par le vallon dont nous venons de parler serait utilisé pour les besoins des pêcheries de sardines, du lieu et du maquereau, dont le port de refuge favoriserait l'établissement. Sauf erreur de ma part, je crois qu'on peut faire beaucoup ici, d'autant plus qu'il y a tant de circonstances où les navires ne peuvent franchir le passage du Raz, et qu'ils trouveraient au Loc'h, tout auprès, un port de relâche parfaitement sûr ! Son entrée présente encore soixante pieds d'eau au maximum d'abaissement des marées des équinoxes, tandis qu'Audierne n'en a que douze environ.
   Je dois ajouter encore que c'est le long de la côte de Notre-Dame de Bon-Voyage, et surtout vis-à-vis l'entrée de cette anse, que les navires viennent se mettre à l'abri lorsque les vents et la marée leur refusent le passage du Raz : ils se tiennent dans cette espèce de mouillage jusqu'au moment où il devient praticable.
   Comme on m'avait indiqué quelques réduits où l'on croyait possible d'établir un petit port, j'ai suivi toute la côte depuis l'anse qui nous occupe jusqu'au Bec du Raz ; j'ai vu toutes ces criques, et je me fais un devoir de déclarer qu'on n'y obtiendrait que des résultats minimes, avec des frais énormes.
   On m'objectera peut-être que la mer brise en avant du Loc'h dans les gros temps ? Elle y brise en effet comme elle brise en avant d'Audierne, en dehors du plateau de la Gamelle; mais ces brisants n'ont pas empêché l'établissement du port, et l'entrée du Loc'h offre l'avantage majeur de n'être pas masquée et interdite pendant les tourmentes, par une autre Gamelle. Je terminerai cet exposé en appuyant ma demande sur la sanction des marins de l'île de Sein et des côtes voisines : ce sont pour moi des autorités compétentes : et le gouvernement, en l'accueillant, offrirait une nouvelle sécurité pour la marine marchande, ainsi qu'aux vaisseaux inférieurs de la marine royale.

Plan du loch 1850 en HD

Plan du loch Primelin de 1850 (env)

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Pour que l’histoire ne meurt pas (écrit par Blandine MEIL épouse DANZE en 1991).

“En la terre d’Armorique
Tout là-bas vers L’océan
Où fleurit le jonc celtique
Où vole le cormoran »


   Entre mes doigts, je tourne et retourne une médaille à l’effigie de NAPOLEON III. Encore un de ces objets qui traîne dans mes tiroirs, dans ma boîte à trésors. Bien des fois j’ai voulu la jeter, mais toujours quelque chose me retenait. « Raconte encore grand-mère, me dit ma petite-fille, l’histoire de la médaille ».

   Alors, pour que l’histoire ne meurt pas, pour mon plaisir, celui de mes petits-enfants et peut-être de quelques lecteurs, je hisse la voile sur l’océan de ma mémoire, espérant que le vent me soit favorable, pour vous narrer ces quelques bribes de souvenirs, transmis oralement de veillée en veillée et échouant aujourd’hui sur ce rivage.

   Qui était donc cet ancêtre qui, à lui seul et pieds nus, seize hommes sauva d’un naufrage ?

   Nous sommes en 1855, sous la deuxième République. C’était donc avant le téléphone et l’électricité, avant les automobiles et la navigation à vapeur. Dans le Cap Sizun, souvent noyé sous un crachin ou émergeant sous un ciel rieur, vivent des gens à la fois pêcheurs et cultivateurs. La vie est rude, il faut tirer son pain de là où l’on peut. Le pain de seigle, les pommes de terre, le lard et la bouillie de froment forment le menu frugal de tous les jours. Le poisson aussi, quand la mer le permet, ainsi que des berniques et des bigorneaux que les enfants cueillent à marée basse.

   Dans le village de Kerdugazel habite la famille DANZE, le père, la mère, et leurs trois enfants : Pierre, Yvon et Marie. Le travail ne manque pas. La terre demande des bras solides et le père est rigoureux quand il s’agit du travail.

   Pierre y est habitué. Il a fait ses études collégiales au petit séminaire de Pont-Croix, avec les Pères GRIGNON DE MONFORT, où sévérité et discipline étaient au programme. Aussi, à chaque période de vacances, vive la liberté ! Il prend le chemin de la côte, lieu de rendez-vous des gamins du village. Aucune crique, aucune plature (grève) ne leur sont inconnues. Ils défient la marée montante jusqu’au dernier moment et c’est un jeu pour eux, d’escalader les rochers à la vitesse de leur jeunesse. Pierre aime braver les éléments. Du sang celte coule dans ses veines. Il est né, comme dit un proverbe breton, avec de l’eau de mer autour du cœur.

   Septembre 1855. Le temps des gamineries a passé. Pierre a vingt huit ans. Rentrant des champs, il dit à la maisonnée attablée :

- Ça moutonne au large, le mauvais temps s’en vient.
- C’est l’équinoxe, lui répond son père.

   Le lendemain matin,  la sirène d’un navire en détresse a réveillé les gens de la côte. Pierre, sans mot dire, enfile son bragou (pantalon), sa vareuse et saute dans ses sabots. Il attrape au vol un falot que sa mère lui tend. La purée de pois est épaisse. « Sois prudent » lui dit-elle. Elle le connaissait bien son Perric (petit Pierre), elle savait qu’il ne ferait qu'à sa tête ou n’agirait que selon son cœur. Chemin faisant des voisins se joignent à lui.

- Voyez-vous quelque chose ?
- Dirigeons-nous vers Porz Tarz,  il doit être dans ce coin !

   Débouchant ensemble derrière la dune, ils le virent là, le géant, orgueil des mers, donnant de la bande, la coque crevée, les voiles pendantes.

« Ce n’était plus qu’un bateau sans falot
qui s’enfonçait coque et mâts dans les flots »
O ma Doué! O Santez Anna! O pet truez !
 
   Tous ils se signèrent.

   Spectacle terrifiant sur l’écume bouillonnante ! Des vies humaines se soulèvent et disparaissent tour à tour dans les vagues, luttant jusqu’au bout de leur souffle contre les rafales, la houle, les rocs, contre tout ce qui nage, se soulève et se brise. La mer, après les avoir bercés furieusement, les rejette à la côte, ne faisant aucune différence entre les épaves et les hommes. Et comment faire pour les remonter sur le rivage ? Qui affrontera ces écueils que la mer couvre et découvre avec fracas ?

- Regardez, dit Jean le sabotier, voilà Pierre qui en ramène un sur son dos !
- Il n’y a que lui pour risquer sa vie ainsi, dit Pierre Gloaguen son voisin.

   Le danger est grand. Aucun n’ose lui dire  de ne plus retourner dans cet enfer. Ils font plutôt de leur mieux pour l’aider aussitôt qu’il en ramène un autre sur le rivage. Pendant ce temps, d’autres secours s’organisent. Des tombereaux garnis de paille fraîche sont amenés.

   Yvon le frère de Pierre, fut envoyé quérir le médecin à Audierne, distant de cinq kilomètres. Eh ! Fouette les chevaux dans les chemins boueux aux ornières bien creusées ! Il avisa aussi les douaniers de la côte, selon la procédure légale. Un hôpital de fortune fut installé dans la grange des DANZE. En attendant le médecin, les femmes ont préparé des paillasses, distribué des vêtements, de la soupe et des boissons chaudes.

   Ainsi réconfortés, rescapés et sauveteurs se remirent de leurs émotions. Pierre, les pieds et les mains ensanglantés d’avoir trente deux fois escaladé les rochers, dormit vingt-quatre heures d’affilée. Et l’on retourna au quotidien. Les gens de la côte ayant fait leur devoir de chrétiens et de citoyens, l’Administration Maritime prit les choses en mains.

   Septembre 1856. Les tours de la Cathédrale Saint-CORENTIN  viennent d’être inaugurées. Mais que nous importe ! Quimper est loin. Au bourg de Primelin, Cap Sizun, dans la cour de l’école communale, presque tous les habitants sont attroupés. Que se passe-t-il donc ? Les copains de Pierre soufflent de toute la force de leurs poumons dans leurs binious. Ils sont parés de leur vêtements du dimanche : gilets brodés et bragou braz, chapeaux ronds au large ruban de velours, boucle de métal bien astiquée. On peut voir le représentant  de l’inscription maritime d’Audierne et le maire de Primelin, ceint de son ruban tricolore. Après le discours d’usage, il épinglera sur la poitrine de notre héros une médaille à l’effigie de NAPOLEON III. Au revers, ces mots :

  Ministère de la Marine - A Pierre DANZE cultivateur - Courage et dévouement 1856

Ch05 - Médaille de Napoléon III - Courage et dévouement
   De leurs marches silencieuses et sûres, cent cinquante ans ont passé. Les tours de la cathédrale de Quimper sont toujours debout, et moi, je tiens dans ma main cette médaille qui atteste de l’histoire. Qui n’a pas dans ses tiroirs quelque objet oublié attendant que l’on fasse revivre son histoire ?

Je vous mets au défi de la raconter.

Blandine MEIL (épouse DANZE.)

   Il y plus de 20 ans que Blandine avait écrit ce texte en se servant comme sujet, la médaille et des bribes d’histoires retenues dans sa famille. Son mari Pierre DANZE répétait souvent : « mon grand-père habitant à Kerdugazul était d’une force titanesque, durant un naufrage il ramena à lui seul au rivage, 16 hommes sur son dos.»
   Elle l’avais presque oubliée, cette histoire à moitié sortie de son imaginaire, mais sa sœur Annette MEIL épouse SICOURMAT, cartophile invétérée, s’est prise de curiosité pour cette histoire. Avec la passion qui l’anime pour la recherche, elle a fait le tour de ses connaissances afin de trouver le nom de ce bateau échoué en/ou vers 1855. Paul LE BESCOND trouva au archive de la marine les réponses : « La Province d’Oran » 206.60 tonneaux, Amateurs LE LOUP et RUEL du Havre. Immatriculé à Cette (Sète) avec comme Capitaine : LANGLOIS et 19 hommes à bord. Naufragé sous le raz de Sein le 13 septembre 1855. Il n'y eu aucune perte parmi l'équipage.

   La recherche pour la médaille a donné ceci :
   En date du 30 décembre 1856, trois médailles attribuées à trois hommes. Médailles de deuxième classe en argent.
1 - Jean-Yves DANZE
2 - Pierre DANZE
3 - Pierre GLOAGUEN – Cultivateurs à Kerdugazel.

   Quelque info complémentaire sur la Cie du bateau :
   Une nouvelle adjudication fut enlevée le 27-12-1852 par une Cie cettoise du nom de "Cie Impériale", entre la France et l'Algérie. Ce service devait commencer le 01-01-1854. Pour son programme, cette Cie devait construire 10 vapeurs de 350 chevaux en fer et à hélice et 6 autres de 80 à 120 chevaux.
   On lança à Cette le 19-03-1853 un de ces derniers, " la Province d'Oran " qui effectuera un 1er départ le 30-06-1853 pour Philippeville et Stora. Pour commencer son service, la Cie impériale acquit et affréta un certain nombre de bateaux à aubes ou à hélices déjà affectés aux lignes d'Alger ou venus du Nord de la France, tel le Méditerranée, le Havre, la Ville de Marseille, le Hambourg, le Languedoc, l'Isly, la Province d'Alger, etc. Malheureusement pour elle, la Cie Impériale dut bientôt, faute de capitaux, renoncer à la lourde charge qu'elle avait cru pouvoir assumer, et le gouvernement fut contraint de recourir à un autre entrepreneur.

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   Pierre DANZE (le petit fils) se lance en 1932 dans l'extraction de gravier et de galets à la grève de Pors-ar-Briec, à l'est du port du Loch. L'entreprise de cimenterie qu'il a créé alimentera en matières premières toutes les constructions du coin durant une dizaine d'années.
   Pierre migre, avec son épouse Blandine, au Canada dans les années 1951.

extraction de gravier et de galet au Loch Plan d'extraction de gravier et de galet en HD

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   Pour la petite histoire, l'arrière-grand-père de Pierre DANZE (le mari de Blandine MEIL), a eu 10 enfants, dont Pierre et Yvon (Jean Yves) DANZE : les sauveteurs de 1855. Seulement 7 enfants atteindront l'age adulte et se marieront.
   Dans les petits cousins de Pierre, j'ai pu trouver le futur Maire de Primelin : Jean Yves HELIAS (maire de Primelin de 1925 à 1941) et un certain Marc Jean Noël CARIOU né à St Tugen en 1884. Ce Marc CARIOU, je le retrouve également dans ma généalogie, car mon père Jean a comme cousine germaine : Jeanne CHAPALAIN (née à Custren à Esquibien) mariée à Noël Cariou, fils de l'intéressé.
   Bref, même si son histoire n'a aucun lien avec l'histoire du Loch, je la trouve suffisamment intéressante pour vous la présenter.

Marc CARIOU - La vie d'un planteur aux Nouvelle-Hébrides en PDF
ou ici

Marc Carriou et son épouseMarc CARIOU et son épouse

 


 

15 mai 2012

04 - Les premières années de la station de sauvetage HSB du Loch Primelin


 

   La cale de lancement du canot, qui avoisine les 60 mètres, fut réalisée à la fin de l’année 1906 (après la construction de la digue). Mais à l’arrivée du canot Paul LEMONNIER en janvier 1907, et après quelques mois d’essais et d’utilisation, la cale de lancement fut reconnue insuffisante en longueur car les rails venaient finir dans la grève, loin des flots à marée basse.

Note du Patron de la station, Daniel THOMAS, à Mr COIGNERAI Président des H.S.B de l’époque

Courrier du Patron Daniel THOMAS

Le prolongement de 20 mètres supplémentaires fut réalisé en juillet 1907.
Les rails avaient maintenant une longueur de 80 mètres.
plan de la cale du Loch Primelin de 1905

plan de la cale du Loch Primelin de 1907

1907-10-28 - plan du prolongement de la cale

 
1907 - Abri du marin du Loch primelin

Durant l'année 1907, Mme LEMONNIER insistera pour faire Construire un abri du marin attenant à l’abri du canot de sauvetage. Cette construction aurait empiété sur la zone de passage des barques.

Ce projet ne verra pas jour.

1907-12-19 - Courrier Mme Lemonnier page 11907-12-19 - Courrier Mme Lemonnier page 2

 

Les premiers sauvetages

Les Annales du bien de 1908 :
Le Paul LEMONNIER sauve une barque de pêche et son équipage au Loc’h en Primelin
    Le bateau de Mme LEMONNIER, au Loc’h, vient de commencer sa tâche par une très heureuse sortie.
    En effet, le lundi 2 mars 1908, vers trois heures de l’après midi, un bateau de pêche de l’île de Sein, Confiance en Dieu, patron Henri Salaün, se rendant à Audierne, fut surpris par un coup de vent et désemparé, entre la Basse-Ninkino et la Basse-Piriou. Ce bateau fit des signaux de détresse.
    L’ayant aperçu, le patron du Paul LEMONNIER, notre camarade THOMAS, fit mettre le canot à la mer et se porta au secours des pêcheurs.
    Les ayant rejoints, il demanda au patron pêcheur s’il n’était pas arrivée d’accident de personnes, du fait de la chute de la mâture. Ayant appris que non, le patron THOMAS fis ses offres de services en personnel et en cordage ; on put ainsi établir une gran'voile au bas ris sur le tronçon de mât qui restait et l’on se mit en route vers Audierne.
    Le Paul LEMONNIER conduisit le bateau de pêche en sûreté jusqu'à la rade, et, après s’être assuré que tous les danger étaient écartés, le patron THOMAS vira de bord pour rentrer au Loc’h où il arriva vers huit heures du soir. Le lendemain, il faisait son rapport à la marine.
    Notons, à cette occasion, que le Paul LEMONNIER est aussi sorti le 10 novembre 1907, pour protéger l’entrée des bateaux de pêche du Loc'h en Primelin, surpris en mer par forte houle : tous d’ailleurs purent accoster, sans aucun accident. Nous adressons au patron THOMAS et à son équipage nos doubles et plus sincères félicitations, non seulement pour le sauvetage du lundi 2 mars 1908, mais aussi pour l’initiative du 10 novembre 1907.
   Deux fois de plus, nos chers Bienfaiteurs peuvent se rendre compte de l’utilité de leur générosité éclairée.

 Pub des HSBPub des HSB

Les annales du bien de 1909 :
Un beau Sauvetage au Loc'h en Primelin
   Nous avons reçu de M. DANZE, maire en Primelin, le très circonstancié rapport qui suit :
J'ai le vif plaisir de porter à votre connaissance que le canot Paul LEMONNIER, de la station du Loc'h, vient d'accomplir un nouveau sauvetage.
   Hier samedi, 6 mars courant, un bateau de pêche d'Audierne, Pigeon Voyageur n°2027, monté par 8 hommes d'équipage, quittait ce port dans la matinée pour aller lever ses filets de raie. Il se trouvait vers une heure de l'après-midi dans les parages de Bigorne, à 7 ou 8 milles au sud de l'anse du Loc'h, lorsqu'il fut assailli par une violente tempête du sud-ouest accompagnée de pluie et de grêle, de sorte que la mer fut démontée en un instant. Par suite de brusque sautes de vent au nord, le bateau, risquant d'être chaviré, dut amener ses voiles et se trouva dès lors à la merci des flots.
   De la côte de Primelin, des marins avaient vu le danger que courrait le bateau. ils le crurent même submergé à deux reprises différentes. Son équipage était au complet et le patron THOMAS tenait la barre.
   Dès que le canot eût franchi la barre du Loc'h, il fut mis à la voile et dirigé vers l'endroit ou l'embarcation avait été aperçue en dernier lieu, car l'embrun ne laissait apercevoir qu'à des intervalles très espacés.
   Après une heure et demie d'efforts héroïques, le canot de sauvetage fut aperçu par le bateau en détresse. Les pêcheurs qui le montaient reprirent courage, et sûrs qu'il étaient maintenant d'être secourus, ils établirent deux petites voiles et mirent le cap sur Audierne. Le Paul LEMONNIER, qui courait sur lui vent arrière, l'eut bientôt rejoint, et, après s'être enquis de l'état de l'équipage, convoya le bateau jusqu'au port d'Audierne, où il arriva vers 6 heures du soir.
   J'ajouterai que notre vaillant patron THOMAS et son équipage furent acclamés par la foule qui se pressait sur le môle et félicités chaudement par M. l'Administrateur de l'Inscription maritime qui avait été avisé par le sémaphore de la pointe de Lervily qu'un bateau de pêche désemparé, et convoyé par un canot de sauvetage, se dirigeait vers Audierne. L'équipage étant exténué par une lutte de 5 heures contre les éléments déchaînés, le canot fut mouillé en lieu sur et les hommes revinrent chez eux à pied.
   Le patron THOMAS se rendra à Audierne, dès que le temps le permettra, pour y reprendre le canot et le ramener à la station.
   Le Paul LEMONNIER s'est très bien comporté à la mer. Rempli à trois reprises différentes, il s'est vidé instantanément. En franchissant la barre du Loc'h, un aviron fut entièrement brisé et deux autres mis hors d'usage ainsi qu'une dame de nage. C'est vous dire assez quel était l'état de la mer à ce moment là. C'était à la fois grandiose et terrible. II serait utile que les avirons et la dame fussent remplacés le plus tôt possible afin que le Paul LEMONNIER pût de nouveau, si cela était nécessaire, se porter au secours des bateaux en péril, et accomplir son œuvre d'assistance et de dévouement.

 1909-03-18 - HSB - Sauvetage au Loch Primelin

Les annales du bien de 1910 :
Nos Sauveteurs du Loc'h, une bonne sortie du Paul LEMONNIER
   Le lundi 11 avril 1910, le bateau langoustier n°293, inscrit à Audierne, mouilla dans la matinée à l’entrée de l’anse du Loc'h. Pendant le justan, l’équipage vint à terre dans un petit canot, pour faire ses provisions, et attendit le flot, pour retourner à bord.
   Dans l’intervalle, la mer avait grossi considérablement. Le bateau, mouillé sur rade, chassait sur ses ancres, et il y avait à craindre qu’il vint se jeter sur les rochers de la côte.
   L’équipage, monté dans le petit canot, faisait tous ses efforts pour rejoindre son bord, mais ne pouvait franchir la barre. A deux reprises, il embarqua passablement d’eau et fut sur le point d’être coulé. Il était alors 2 H ½ de l’après midi.
   Le patron THOMAS, voyant le danger que courrait la frêle embarcation, fit armer le canot de sauvetage Paul LEMONNIER. Ce dernier, ayant son équipage au complet, fut bientôt sur le banc. Il prêta son concours à l’équipage du petit canot et le convoya jusqu’au bateau de pêche, qui, peu après leva l’ancre et prit le large.
   A ce moment, un autre bateau de pêche, le 277, rentrait au port. Le Paul LEMONNIER resta sur la barre pour protéger la rentrée de cette embarcation. Lorsque celle ci fut hors de danger, le canot de sauvetage rentra à son tour et fut hissé sous son abri.
   Au patron THOMAS la Société décerne : La médaille d’honneur des H.S.B. A tous un insigne d’honneur et un prix collectif de cent francs.

 1913-04-27 - Naufrage à PrimelinLogo HSB

 

 


 

 

10 mai 2012

03 - L'inauguration de la station de sauvetage HSB du Loch Primelin en 1907


 

L'inauguration de la station du Loch

   Le mardi 16 avril 1907 a lieu l’inauguration de l’abri et du canot Paul LEMONNIER. Le Courrier du Finistère ainsi que l'Ouest Eclair, nous relatent l’événement.
1907-04-21 - le courrier de Finistere1907-04-26 - l'Ouest EclairHSB logo 2


Les Annales du Bien (revue de H.S.B.) nous donne la composition de l'équipage de l'époque :

  • Daniel THOMAS, patron du Paul LEMONNIER
  • Jean CISSOU, sous-patron

Canotiers du canot du sauvetage :

  • Henry KERSAUDY
  • Jean Michel FOLLIC
  • Jean Marie BIGOT
  • Arsène CARIOU
  • Yves FILY
  • Eugène CISSOU
  • Jean Marie CARIOU
  • Jean Marie CISSOU
  • Marc CISSOU
  • Mathieu URAIN
  • Henry GORAGUER


L'inauguration de la station de sauvetage du Loch. (Les Annales du Bien 1907) :

    Le mardi 16 avril avait lieu, au Loch, le baptême du bateau de sauvetage offert par notre bienfaitrice, Mme LEMONNIER. Cette cérémonie fut très remarquable.
   Les populations des communes de Primelin, Plogoff, Cléden, Audierne, étaient ainsi venues assister à l'inauguration de notre station de sauvetage.
   Cette magnifique station, placée sur la plage du Loch presque à la pointe du Raz, est appelée à rendre de très grands services à nos marins pécheurs, si nombreux dans ces parages de Douarnenez et d'Audierne, où les tempêtes sont d'une violence inouïe et les naufrages fréquents, surtout aux environs de la Baie des Trépassés et de l'Enfer de Plogoff. Lorsque la tempête mugit, l'entrée ou la sortie du port d'Audierne devient impossible, même pour le bateau de sauvetage qui y est placé. Ce sont ces motifs qui ont décidé notre Société à occuper un poste avancé, sentinelle défiant l'ennemi jusque sur son terrain.
   Après l'imposante cérémonie de la bénédiction du bateau, faite par le clergé des paroisses de Primelin et de Plogoff le canot fut lancé à la mer avec son équipage et les invités (36 personnes étaient à bord). Son entrée à l'eau fut saluée d'acclamations par plus d'un millier de personnes restées sur le rivage ou dans les bateaux de pêche.
   Après une petite promenade en mer, les invités furent débarqués et, l'équipage resté seul dans le canot, l'on procéda à son chavirement afin de bien démontrer aux marins les qualités du bateau Henry. Un câble fut placé sous la quille; le cabestan fut manœuvré et ce fut un instant d'émotion, lorsque le bateau parut la quille en l'air et que l'on vit l'équipage se cramponnant aux filins placés sur les flancs. En un quart de seconde, le canot était redressé et l'eau évacuée instantanément, démontrant ainsi aux marins qu'ils pouvaient sans crainte affronter sur cet engin les plus effrayantes tempêtes.
   Au moment où se faisait cette inauguration, l'escadre du Nord passait à l'horizon pour se rendre à Quiberon. Coïncidence heureuse, car elle ajoutait une note gaie à cette cérémonie se déroulant dans un cadre admirable et par une belle journée de printemps.


Vue du Loch Primelin


Voici l'allocution prononcée à cette occasion par notre président M. COIGNERAI (Président des HSB) :

Mesdames, Messieurs,
   La Société des Hospitaliers Sauveteurs Bretons, en confiant au braves marins de Primelin et de Plogoff la conduite du Paul LEMONNIER, sait qu'elle peut compter sur leur courage et leur dévouement. Ils seront les digues émules de leurs camarades qui montent nos embarcations de sauvetage, et rivaliseront de zèle avec les équipages de notre grande sœur, la Société Centrale ; les uns et les autres feront leur devoir, car tous ont le mépris de la mort lorsqu'il s'agit de lui arracher une victime. Certes, tous les pays du monde peuvent s'enorgueillir de posséder des sauveteurs. Mais est-il un coin du globe où ils soient plus nombreux que sur nos côtes de Bretagne ? La tempête, qui y fait rage une partie de l'année, habitue l'enfant dès son bas âge à lutter et à affronter ces dangers au milieu desquels il vit depuis sa naissance. Devenu homme, son courage natif s'augmente du dévouement. Si, enfant, il se jette à l'eau par instinct, comme le Terre-Neuve pour sauver, plus tard, c'est en raisonnant froidement qu'il se dévoue, car alors, il a, lui aussi, une famille, des enfants, qui attendent du chef, le pain de chaque jour, si durement gagné; s’il meurt en se dévouant, qui prendra soin de la nichée ?
   Cette pensée traverse son cerveau mais ne l'arrête pas, car il est de ceux qui croient et qui espèrent. Aussi le dévouement l'emporte ; il s’élance au devant de la mort en bravant le danger : s’il meurt, il aura fait son devoir...
   C’est l’exemple qui nous est donné chaque jour, par nos braves marin, dans les catastrophes qui portent le deuil au milieu de nos familles.
   N'est-ce pas, Mesdames, Messieurs, que le sacrifice est grand et que l'homme ne peut envisager rien de plus sublime en ce monde ? Nos sociétés de sauvetage, organisées pour venir en aide à ces braves gens, et leur procurer des engins perfectionnés, tel le bateau Henry, seraient impuissantes si nous ne rencontrions des personnes charitables, qui, ainsi que la donatrice de ce canot, font un si noble usage de leur fortune.
   Vous m'en voudriez, si je ne vous relatais quelques-uns des bienfaits répandus par Mme Lemonnier, et, dussé-je blesser sa modestie, il est de mon devoir de vous en instruire afin que vous puissiez lui en témoigner votre reconnaissance. Vous savez la grande part qu'elle a prise à la construction de votre jetée : démarches, argent, rien ne l'a arrêtée, jusqu'à ce que satisfaction lui soit donnée.
   Vous lui devez ce magnifique bateau qui fait votre admiration et qui vous permettra d'aller au secours de vos frères.
   Elle a fondé à Saint-Marie, près Pornic, un orphelinat pour une douzaine de jeunes marins qui sont instruits et placés par ses soins. C'est à son initiative que Groix doit de posséder deux dundees de pêche à moteur. Elle a payé de ses deniers le local de la première école de pêche fondée à Groix et dont la direction est confiée à M. Guillard, promoteur des écoles de pêche.
   Ses bienfaits s'étendent non seulement aux marins, mais aussi à de nombreuses familles dans le besoin.
   Tout dernièrement, elle vient de faire un don princier à la Sorbonne pour y créer une chaire ! Voilà l'œuvre de Mme LEMONNIER.
   II n'y aura qu'une voix dans cette assistance pour acclamer la bienfaitrice de ce pays, et vous vous joindrez à moi
pour crier : « Vive Madame LEMONNIER »
   Il nous reste une bien agréable mission à remplir au nom de la Société : c'est de récompenser quelques dévouements qui nous ont été signalés, aussi je suis heureux de remettre diplômes et médailles à :
      M. LUZON, conducteur des Ponts et Chaussées, pour services rendus à la Société.
      LE BOUR, retraité, qui a pris une si grande part à l'organisation de la station de sauvetage.
      SAVIN, Louis, marin pêcheur à Audierne, qui s'est tout particulièrement dévoué lors du sauvetage de l'équipage du canot de sauvetage, et fut assez grièvement blessé.

 Aquarelle du port du Loch Primelin de Mathurin MéheutDessin du port du Loch de Mathurin MEHEUT

   Au cours de cette réunion, Mme LEMONNIER, ayant réuni l'équipage du bateau offert par elle, leur a fait une courte mais énergique allocution ; elle a fait appel aux sentiments de bravoure, d'honneur et de dévouement qui caractérisent les marins, ajoutant qu'elle comptait, pour embellir le Livre d'Or des Sauveteurs, sur les hommes du Paul Lemonnier.
   Inutile d'ajouter que cette allocution et ces récompenses furent accueillis par des applaudissements et aux cris, en effet, de :« Vive Madame LEMONNIER ! »
   Belle et bonne fête - excellente journée pour la Bienfaitrice et pour la Société.

 

Note de l'abbé Claquin - Inauguration de la station de primelin 1907

 


 

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5 mai 2012

02 - Le canot de sauvetage "Paul LEMONNIER" du Loch Primeli


 

Le canot Paul LEMONNIER (de type « HENRY ») a été construit à la Rochelle aux chantiers Decout-Lacour en 1906.
C’est un grand modèle : 10m.

CH02 - Canot de sauvetage Paul Lemonnier 1

   M. HENRY, agent technique de la Marine à Rochefort, s'intéresse depuis longtemps aux embarcations de sauvetage, et le journal Le Yacht, dans son numéro du 4 décembre 1897, fait état de son invention. On dirait maintenant du canot Henry qu'il est un dériveur lesté. Les premiers essais ont été faits à Rochefort sur une baleinière de la Marine de 8,50 m en acier par le constructeur M.F. Decout-Lacour à La Rochelle. La stabilité est assurée par une ou deux dérives (suivant le modèle), formant bulb-keel avec un cigare de plomb ou de fonte dans la partie inférieure. L'évacuation très rapide de l'eau embarquée se fait par le puits de dérive ouvert affleurant le pont au centre. L'insubmersibilité est obtenue grâce aux dômes avant et arrière, et grâce à de nombreuses caisses à air sous le pontage et sur les côtés, comportant de nombreuses portes de visite étanches. Pour que ces caisses à air ne perdent leur qualité en cas d'avarie grave, quelques unes, en nombre suffisant pour assurer la flottabilité de l'ensemble, sont remplies de kapok.


Les caractéristiques du modèle de 6,50 m de long sont les suivantes : Caractéristiques du canot HENRY

  • largeur : 2 m
  • tirant d'eau bulb haut : 0,50 m
  • bulb bas : 1,20 m
  • poids à vide : 1000 kg
  • six avirons
  • surface de voilure : 16,61 m²  - foc : 1,88 m² -  gd. voile10,55 m²  -  tapecul: 4,18 m².

CH02 - le canot henry


   Adopté par les Hospitaliers Sauveteurs Bretons, le premier est envoyé en 1895 à La Rochelle et un second est en chantier pour Saint-Servan en 1902.
Deux autres modèles, l'un de 8,50 m, l'autre de 10,30 m (longueur du Paul LEMONNIER), sont également proposés.

Canot Paul Lemonnier
  

   La presse du temps est très élogieuse et le lancement de ce canot a un grand retentissement. Le capitaine DUBOC, ancien lieutenant de vaisseau, auteur de l'article dans Le Yacht, n'hésite pas à écrire que le canot est appelé à remplacer rapidement tous les canots de la Société centrale en raison de ses qualités : plus grande stabilité sans voile ; meilleur redressement ; évacuation plus rapide de l'eau embarquée ; suppression des puits d'évacuation freinant la vitesse ; prix de revient très inférieur.
Bateau Henry type Paul Lemonnier

   La commission technique d'étude de la Centrale est donc amenée à examiner attentivement ce nouveau canot, et les solutions qu'il propose. Voici ses conclusions : « Le dériveur central lesté permet une bonne tenue sans voile et un bon louvoyage, mais ce dériveur doit être relevé, au passage des hauts fonds et des barres à brisants, et c'est précisément là que le canot risque le plus de chavirer. En cas de chavirage, le redressement du canot HENRY est assuré, moins par son dériveur que par ses dômes avant et arrière, qui sont d'un volume et d'une saillie au moins aussi considérables que sur les canots de la Société. Or, sur ces derniers, dix avirons (douze pour certains) sont juste suffisants pour surmonter un vent violent, et le canot HENRY n'a que six avirons. Grâce au puits de dérive ouvert à même le pont, l'évacuation de l'eau embarquée doit se faire rapidement quand le dériveur est abaissé, et que la gîte n'est pas trop accusée. Mais lorsque le dériveur est relevé, le fuseau de plomb obture hermétiquement l'ouverture, et il ne peut en être autrement parce que, sans cela, le sable et les galets s'introduiraient et coinceraient le dériveur, de manière à rendre sa manœuvre impossible. Or, c'est précisément au passage des brisants, où l'embarcation a le plus de chance d'embarquer des paquets de mer et de s'emplir, que le dériveur doit être relevé et, par suite, l'ouverture du puits obturée. » Suivent des considérations sur le prix des canots de sauvetage qui ne peut être le seul critère de choix, l'emplacement de la station qui commande bien souvent le genre de canot à adopter, et enfin, la place pour loger les naufragés recueillis jugée nettement insuffisante.

Arrivée du canot en Bretagne
   Son transfert fut réalisé par rail de la Rochelle jusqu'à Douarnenez en septembre 1906.
Le bateau, trop grand, ne put prendre le petit train de Douarnenez-Audierne. C’est sans doute par route qu’il arrive à Audierne. La cale de lancement au Loch n’étant pas entièrement terminée, le canot resta sur Audierne quelque temps.

La dépêche du Mardi 1er janvier 1907 signale sur Audierne

1907-01-01 - La dépèche de Brest.
Le bateau reste en service au Loch Primelin de 1907 à 1936.
   Durant les 29 ans de service du canot, le bateau aurait fait une centaine de sauvetages.
Daniel THOMAS, patron du canot jusqu'en 1925, fait environ 70 sorties de sauvetage avec le canot. Il passa la main par la suite à Henri le BERRE. Du bateau, ne subsiste pratiquement aucune photo, malgré tout, le photographe Joseph VILLARD (photographe des cartes postales) membre des H.S.B. de la section de Quimper en prit quelques clichés.
Photo du canot de Sauvetage Paul Lemonnier

Canot de sauvetage Paul Lemonnier

CH02 - Canot de sauvetage Paul Lemonnier 2


Canot de sauvetage Paul Lemonnier

 

    Le destin fit qu’il racheta le canot pour son usage personnel (100F) au H.S.B., suite à l’arrivée du nouveau bateau de sauvetage « Capitaine de Vaisseau de KERROS » en 1936. Des clichés furent réalisés lors du transfert du bateau à Bénodet. Il fut remorqué par le nouveau bateau jusqu'à sa destination.
   Au dire de Claude VILLARD, son fils, le canot était encore sur Bénodet dans les années 1956 – il se souvient de le voir dans son hangar près de l’église du port de Bénodet.

 

CH02 - Canot Paul Lemonnier et Joseph Villard

Joseph VILLARD, (l'homme à la casquette) en famille, sur les rives de l'Odet à bord du canot qu'il utilisera durant plusieurs années, avant de le léguer à la ville de Bénodet.

CH02 - Canot Paul Lemonnier a Bénodet 1

CH02 - Canot Paul Lemonnier a Bénodet 2 L'ancien canot de sauvetage "Paul LEMONNIER" à Bénodet

CH02 - Canot Paul Lemonnier - photo prise de la plage de benodetCanot Paul LEMONNIER - photo prise de la plage de Benodet


   Quelques années plus tard, il aurait aussi servi de plongeoir devant la plage principale, au plus grand plaisir des baigneurs. Il finit ainsi sa carrière nautique.

 


 

 

1 mai 2012

01 - Le début de l'Histoire du Port du Loch Primelin


 

 Logo HSB

   La Bretagne, quasiment encerclée par la mer, est la région de France qui compte le plus de marins. La pêche est une entreprise hasardeuse et les tempêtes de l’hiver ne font que rallonger la liste des hommes disparus.

   Il y a un siècle, en mars 1903, une session extraordinaire du conseil municipal de Primelin en Finistère décidait de munir le petit port du Loch d’une véritable protection. « Une station de sauvetage sera édifiée ainsi qu’une digue ».

   Pendant près de 50 ans les langoustiers et bateaux de pêche du Loch seront sous la protection de la station de sauvetage H.S.B. (Hospitaliers Sauveteurs Bretons, ancêtre de la SNSM)
   Aujourd’hui, les bateaux de plaisance et de loisirs ont remplacé la pêche professionnelle. Les prévisions météorologiques ont permis de minimiser l’insécurité maritime. Seul l’abri de sauvetage, témoin d’une époque révolue, subsiste pour rappeler le sauvetage au temps des avirons et de la voile. Mme LEMONNIER donatrice de l’abri fit sculpter la devise « DIEU HONNEUR PATRIE » sur le porche. (remarquer les deux N inversés ?)

CH01 - Inscription de l'abri du canot de sauvetage

L’histoire,   

   Déjà en avril 1894, Simon DAGORN, maire de Primelin, écrit, après une réunion du conseil municipal, au Préfet pour l’informer de la pétition des pêcheurs du Loch qui demandent la construction d’une cale avec treuil dans l’anse du futur port.
   La cause de cette pétition est due au fait que le propriétaire du terrain sur lequel les pêcheurs remontaient leurs barques lors des tempêtes, a fait clôturer le dit terrain. Or, il y dans l’anse une cinquantaine de bateaux ; ce qui fait 250 marins pêcheurs environ, qui se trouvent ainsi sans abri – il n’y a aucun refuge sur les 52 km de côte entre Douarnenez et Audierne.

CH01 - Plan de l'anse du Loch en 1895

CH01 - Photo du Loch Plogoff de 1900
   En 1895, une lettre émanant de la direction des Routes, de la Navigation et des Mimes informe la municipalité de la décision ministérielle de l'installation d'une cale de levage avec treuil de 60m pour environ 900 F.

Plan du treuil de levage Plan du treuil de levage en HD

Ch01 - L'anse du Loch en 1895L'anse du Loch en 1895

  En Janvier 1898, Mr Simon POULHAZAN, cultivateur à Kermaléro, s’engage enfin à vendre la parcelle n°9 section D, appelée Dour Salou.
      signé de GLOAGUEN : conseiller municipal
      de Daniel THOMAS : Patron pêcheur  
      et de Simon POULHAZAN : signé d’une croix  

  En début 1899, cette promesse de vente fut contestée par son propriétaire, et par la suite, sous prétexte que ce n’était pas vendu assez cher, les années passèrent sans que rien ne se passa.

CH01 - Plan de l'anse du Loch Primelin de 1903

   En juillet 1899, une souscription est ouverte, car la commune est pauvre. Certains pêcheurs ont versé des sommes allant de 3 F à 12 F par bateau, pour permettre à la municipalité de réunir la somme de 75 F l’are (soit 375 F) demandée par Mr POULHAZAN : L'installation du treuil de hissage sera réalisé.
       Jean Marie FOLLIC du Loch
       Alain CARIOU de Kermaléro - bateau « St Germain »
       Pierre QUEMENEUR de Kerandraon - bateau « le chasseur »
       Mathieu URCUN du Loch - bateau « Anne Josephe »
       Jean Clet CARIOU du Trez - bateau « Ste Anne »
       Mathieu CISSOU de Kerandraon - bateau « L’intrépide »
       René RIVIER de Kerandraon - bateau « Trident »
       Yves URCUN de Kérandraon - bateau « Joséphine »
       Simon LE BERRE et Pascal COZ du Loch
       Simon COSQUER de Kerandraon - bateau « Bayard »
       Pierre COSQUER de Kerandraon - bateau « Jean Bart »

   Durant les années suivantes, d’autres réunions et commissions se succéderont mais les différents dossiers n’avanceront guère. En Début 1903, une session extraordinaire du conseil municipal de Primelin exprima les difficultés des marins à exercer leur métier, mais aussi les grands dangers des côtes entre le Raz de Sein et Audierne.

représentation du Port du Loch Primelin en 1900

   En avril 1903, une pétition des marins fréquentant le Loch est rédigée simultanément à Plogoff et à Primelin, demandant au Président de la commission départementale un secours pour les 150 hommes du Loch (ce qui fait une trentaine de barques).
 

Pétition de mars 1903  Pétition de mars 1903 - Page 1

  Pétition de mars 1903 - Page 2

  Pétition de mars 1903 - Page 3

  Pétition de mars 1903 - Page 4

  Pétition de mars 1903 - Page 5


   Le 29 avril 1903, il est question qu’une personne, Madame LEMONNIER, offrirait un bateau de sauvetage sur sa fortune personnelle. Ce canot serait dessiné par HENRY concepteur de navires à Rochefort-sur-mer. Il sera insubmersible.

Courrier d'avril 1903Courrier d'avril 1903

   Le 2 mai 1903, Dans une lettre au préfet du Finistère, Mme LEMONNIER, veuve de Mr Paul LEMONNIER, déclare : « C’est moi qui ai découvert le Loc’h et me suis attachée avec persévérance à l’idée arrêtée d’arriver à faire créer un petit port de refuge »

Courrier Mme Lemonnier 1Courrier Mme Lemonnier 2Courrier Mme Lemonnier 3Courrier Mme Lemonnier 4

   En juillet 1904, la commission nautique se réunit en vue de la construction d’un brise lame au Loch. Elle est composée de l’administrateur du quartier d’Audierne, du maire de Primelin, de Daniel THOMAS, Jean Yves BRENEOL, Jean CARIOU, Mathieu CISSOU, Jean COSQUER, Mathurin URCUN.
Commission nautique de juillet 1904 Commission nautique de Juillet 1904 en HD

début du 20 siècle - après la construction de la digue

   Jusqu'à présent, le Loch (lac : écrit Loc'h en Breton) le lieu du futur petit port, est un abri précaire protégé, si l’on peut dire, par deux plans de rochers. Au moindre coup de vent, les marins devaient à l’aide d’un treuil fixé sur le rivage, hisser leur bateau.

   L’avant projet de la digue est estimé à 30.000 F avec 20.000 F, pour la part de l’état et 5.000 F pour la part départementale. Le 24 août 1904, grâce à l’effort du conseil municipal, la commune a réussi à rassembler la somme de 4729 F (y compris les 2500 F de Mme LEMONNIER). Il manque 271 F pour atteindre les 5000 F prévu pour la part de la commune. Une subvention de 271 F est accordée.

Proces-verbal d'août 1904 Proces verbal - Août 1904 en HD

   L’ abri de sauvetage fut construit par l’entrepreneur M. le Naour en 1904, pour recevoir le futur canot. Les travaux furent terminés en fin décembre.

CH01 - Plan de la cale de Lancement de 1905CH01 - L'abri de sauvetage

Ch01 - Le loch Plogoff en 1905Le Loch Plogoff en 1905

   En octobre 1905, la construction de la digue d’une longueur de 76m est confiée par adjudication à l’entrepreneur Pierre GUIRAUDIE de Douarnenez pour la somme de 18.392 F.

Adjudication restreinte en octobre 1905CH01 - Plan de la digue de 1904

Adjudication - Construction d'un brise-lames en octobre 1905 en HD

Ch01 - Port du Loch en 1911 - peinture sur toile de Henri MoretLe port du Loch en 1911 - peinture sur toile de Henri MORET

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La création de la station de sauvetage H.S.B. du Loch Primelin

   Madame veuve LEMONNIER, la soixantaine alerte, débarque, par hasard, un beau jour de 1903 à Locronan, le village lui plaît, elle se lie d'amitié avec la famille DANIELOU.
    La même année en mars, le conseil municipal de Primelin juge nécessaire la création d'une station de sauvetage un peu plus à l'Ouest au Loch, petit port situé entre Audierne et la Pointe du Raz, hors de portée pratique du canot d'Audierne.
    Un adjoint, M. RIOU, offre un terrain et c'est le début d'une petite histoire locale, celle de la station de sauvetage des Hospitaliers Sauveteurs Bretons du Loch en Primelin inaugurée grâce à la générosité de Madame LEMONNIER Marie Louise née TOULMOUCHE (1840-1924), en mémoire de son mari Paul LEMONNIER (1836-1894, Ingénieur des Mines). Le canot qui restera en service jusqu'en 1936, portera son nom.

Mme et Mr LemonnierMme et Mr Paul LEMONNIER 

   A Primelin, elle offre donc aux Hospitaliers Sauveteurs Bretons une station de sauvetage complète : abri, rampe de lancement, canot redressable (8.500 F) système Henry, baptisé Paul LEMONNIER et contribue, pour 2.500 F à la construction de la digue de protection du port.
   Elle assiste à l'inauguration le mardi 16 avril 1907 et y prononce un discours bref et énergique. Les H.S.B. souhaitaient répartir sa contribution entre les stations de Primelin (Le Loch ) et de l'Aber Wrach dont le canot fut remplacé à la même époque, mais elle exigea la prise en charge complète de celle de Primelin.

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   J’ai voulu rassembler quelques documents pour retracer l’histoire du port sur un siècle. Ma famille a eu dans le passé un rôle actif dans la vie de la station de sauvetage et il restait dans les greniers quelques papiers relatant cette époque. Il était important de synthétiser par des écrits avant que le temps et l’oubli effacent tout cela.
   Je remercie tous les passionnés qui m’ont aidé à écrire ce petit blog sans prétention, et en particulier mon père Jean, mais aussi toute ma famille, ainsi que : Roger MOULLEC, Annette et Blandine MEIL, Pierre KERISIT, Joseph HEURTE, Henry KERISIT, Claude VILLARD, René KERMEL, Nenette CISSOU, Gabi STRUILLOU, Tanguy DE KERROS, Famille eugène PERROT, Mr RENAULT (SNSM St Malo), Md ROSSI (SNSM Paris), Pascal SERVAIN, Michel BESCOU, Andrée CHAPALAIN  …….
 

La totalité de l’histoire se composera d’environ 50 chapitres qui seront mis en ligne tout au long des années 2012-2025.

Tirelire (HSB) Hospitaliers Sauveteurs Bretons de la station de sauvetage du Loch Primelin

Hervé THOMAS
http://lochprimelin.canalblog.com

 


 

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